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Petit, gros et pas beau

De Dinah-Simha Bendavid

                                           Chapitre 1

 

Jérusalem, été 1998

 

- Debout Ilan, il est déjà 7 heures,  mon chéri !

 

Aucune réponse ne filtre de la bouche du jeune garçon et, comme tous les matins, Déborah, sa baby-sitter, doit multiplier  ses efforts et employer toutes les ressources de son imagination pour qu'Ilan daigne sortir de son lit.

 

- Ilan ? Je sais que tu es réveillé. Que préfères-tu avant d'aller à la Kayetana, que je te chante une chanson pour qu'il pleuve aujourd'hui ou que je mette le disque de...?

- J'ai pas envie d'aller là-bas, je m'ennuie et je n'ai pas d'amis avec qui m'amuser, alors s'il te plaît, chante.

 

Se lever de bonne humeur est une seconde nature pour Ilan. C'est un enfant qui cherche toujours la faille pour échapper aux choses qu'il n'aime pas et la plupart du temps il arrive  à ses fins. Mais aujourd'hui, Déborah n'a pas envie de céder.

 

- Très bien, dit-elle calmement, je vais de ce pas mettre le disque de Tino Rossi.

- Non ! Laisse-moi tranquille, je suis malade. Je ne peux pas aller à la Kayetana aujourd'hui, je me sens vraiment pas bien.

- Oh, le pauvre enfant ! Tu as de la fièvre ? dit Déborah en touchant le front du petit garçon.

- Peut-être... Je me sens vraiment pas bien, tu sais.

- Tu n'as pas de fièvre, mon petit. Alors, tu sais quoi ? Tu vas te lever, t'habiller en vitesse pour ne pas être en retard pour ... prendre le petit-déjeuner avec ta baby-sitter préférée qui se fera un plaisir de t'accompagner ensuite à la Kayetana.

- Je n'ai rien à me mettre, j'ai grossi et plus aucun habit ne me va. Alors, Mademoiselle "je sais tout", vous avez une réponse à me proposer ?

- Attends... Laisse-moi réfléchir... Il te reste au moins un bermuda et un tee-shirt qui t'aillent, sinon, tu as raison, nous avons un sérieux problème.

Déborah feint de réfléchir à cette situation quand soudain son visage s'éclaire...

- J'ai trouvé ! Tu iras en pyjama !

- Quoi ? Tu rêves ? Je préfère encore mettre un pantalon serré plutôt que de sortir en pyjama !

 

- Mon idée ne te plaît pas ? dit Déborah apparemment vexée.

- Non, pas vraiment, répond Ilan bien réveillé cette fois.

- Je crois que tu as vu juste, continue Déborah. Alors, bambin, lève-toi et cherche dans ton armoire une tenue qui puisse encore t'aller. Je descends préparer le petit-déjeuner.

Déborah sort de la chambre toute fière d'avoir gagné la partie, laissant Ilan de très, mais de très mauvaise humeur.

 

- Quelle allure ! se dit Ilan devant la glace, on dirait un éléphant emprisonné dans une cage en or. Tu t'es vu ? Petit, gros, pas gracieux et pas beau. Tout pour réussir à se faire des amis.

 

Pourtant, si Ilan prenait le temps de s'analyser positivement, l'image que lui renverrait la glace serait totalement différente du regard qu'il pose sur lui-même.

Cette image refléterait un petit garçon bien en chair avec ce qu'on appellerait en langage courant une bonne petite bouille, des joues à croquer et des yeux à dévorer. Et puis elle nous dirait encore que lui, Ilan, est toujours bien habillé et qu'il se tient toujours bien et en classe et en société. C'est déjà pas mal pour un petit garçon de 9 ans, livré un peu à lui-même, il faut l'avouer.

Pourquoi ? Parce qu'il est  élevé par sa baby-sitter plutôt que par ses parents. Oh! Il est très gâté par eux, rien ne lui manque, télé, vidéo, compact-disques, ordinateur dernier modèle (son meilleur ami), non rien ne lui manque sauf ... peut-être ... la présence et l'amour de ses parents. Il les voit peu ; le matin ils s'en vont trop tôt pour lui dire au-revoir et le soir ils sont trop fatigués pour discuter ou s'amuser avec lui.

Heureusement, il y a Déborah et ... l'ordinateur.

 

- Ilan ! Le petit-déjeuner est prêt. La douce voix de sa baby-sitter  interrompt les pensées négatives d'Ilan.

- Bon, se dit-il, je n'ai pas le choix encore aujourd'hui, je vais devoir aller à cette Kayetana d'enfer et encore m'ennuyer à mourir toute la journée. Vive les vacances sportives et vive moi, l'as des as et celui par qui la défaite est assurée ! Messieurs les éducateurs, soyez sur vos gardes, votre élève préféré arrive... Quelle gloire !

 

Ilan sort de sa chambre et descend direction la cuisine pour prendre son petit-déjeuner avec sa baby-sitter adorée. Bien entendu, le lait n'est pas assez froid et les corn-flakes pas assez croquants. Une fois la corvée du petit-déjeuner passée, Ilan prend son cartable sur le dos, sa casquette jaune et noir (couleurs de son équipe de foot : Bétar Yérouchalayim) et toute sa mauvaise humeur légendaire.

 

Dehors, le soleil règne en maître, le ciel étale à la face du monde son bleu d'azur et la température fait comprendre à tout un chacun qu'on est bien en été. Il fait donc très chaud, détail qui a son importance puisque Monsieur Ilan, vous vous souvenez ? et bien oui, Monsieur Ilan ne supporte pas la chaleur. Le pauvre garçon, la vie est si dure parfois pour les enfants !

 

- Tu as vu combien je transpire ?

- Tu n'es pas le seul, si cela peut te consoler, dit Déborah, elle aussi dérangée par cette température trop élevée.

- Tu m'as mis une bouteille... Ah!

- Mon D. !... Ilan, tu t'es fait mal ? dit Déborah inquiète.

 

Ilan, ne faisant pas attention où il mettait les pieds, a buté sur une espèce de truc tout noir et s'est tout simplement étalé de tout son long.

- Aïe, aïe, aïe, j'ai mal au pied, je crois que je me suis cassé la cheville.

- Essaie de te mettre debout, dit Déborah reprenant le dessus.

- Je te dis que je ne peux pas, répond Ilan méchamment.

- Et moi je te dis de faire un effort ; s'il te plaît, Ilan, pour une fois, arrête de gémir et lève-toi.

Devant le ton ferme de Déborah, Ilan voit qu'il n'a pas le choix. Petit à petit et avec l'aide de sa baby-sitter, il réussit à se remettre debout sans autre dommage qu'un beau bleu qui commençe à poindre sur son genoux.

 

- Bien, tu ne t'es rien cassé, D. merci.

- Sur quoi suis-je tombé ?

- C'est juste à côté de toi, dit Déborah en prenant l'objet de tant de souffrances. Voyons voir, on dirait un porte-monnaie.

- Fais-moi voir !

 Sans attendre son autorisation, Ilan arrache l'objet, source de ses problèmes, des mains de Déborah.

- Oh, mais tu peux le prendre ! dit cette dernière sur un ton ironique.

- Il y a de l'argent à l'intérieur, une carte d'autobus et la photo d'un Rav.

- Peut-être y a-t-il le nom de son propriétaire, une carte d'identité ? Regarde bien.

Ilan fouille le porte-monnaie et trouve un morceau de papier où sont écrits les nom, prénom et adresse de la personne à qui appartient le porte-monnaie.

- J'ai trouvé ! Il s'appelle Yonathan Endler et il habite à Bayit-Vegan. Bon,

qu'est-ce qu'on fait ?

- Toi, tu vas à la Kayetana et moi, je vais rendre ce porte-monnaie à ce monsieur ...?

- Endler, répond Ilan. Au fait, il ne s'agit pas d'un monsieur mais d'un enfant ou d'un adolescent.

- Ah, bon ! Et comment Monsieur le détective a-t-il déduit cela ?

- Sa carte d'autobus, elle est rouge. Je veux aller avec toi rendre ce porte-monnaie. Déborah, je m'ennuie à la Kayetana ! Alors, je t'en prie, laisse-moi venir avec toi.

- A une seule condition, dit Déborah.

- Ce que tu voudras, répond Ilan  tout excité.

- A partir de demain, je ne veux plus entendre aucune plainte en ce qui concerne la Kayetana ; on est d'accord ?

O.K., répond Ilan à contrecoeur mais trop heureux d'aller découvrir qui est ce fameux propriétaire.

 

- 2, 4, 6 ! On y est, Déborah, voilà le numéro 6.

- Viens, entrons à l'intérieur de l'immeuble pour savoir à quel étage il habite.

Quel nom as-tu dit ? demande Déborah.

- Attends, je cherche. Endler, Yonathan Endler. Endler, Endler, End... J'y suis, il habite à l'appartement numéro 4.

- Allez, Monsieur le détective, montons solutionner notre affaire.

 

Toc, toc, toc.

La porte s'ouvre et laisse entrevoir une personne qui n'a strictement rien à voir avec le fameux Yonathan. Pour cause, il s'agit d'une femme, tête couverte, habillée de façon toute simple et correcte. Elle paraît tout aussi surprise que Déborah et Ilan.

- C'est à quel sujet ? demande-t-elle.

- Bonjour, Madame. Je m'appelle Déborah et voici Ilan. Nous avons trouvé ce porte-monnaie dans la rue. Nous nous sommes permis de fouiller à l'intérieur pour savoir si le nom de son propriétaire y figurait. C'était en effet le cas.  Nous sommes donc venus le lui rapporter.

- C'est un miracle ! dit la jeune femme. Je vous en prie, entrez donc. Yonathan ! Yonathan ! Viens vite, mon chéri ; ton porte-monnaie est retrouvé grâce à Hachem. Je vous en prie, asseyez-vous. Je vous sers quelque chose à boire ? Par cette chaleur, vous devez être assoiffés.

- Oui, c'est gentil. Un bon verre d'eau fraîche serait le bienvenu, répond Déborah.

 

- Alors, il vient ce Yonathan ? dit Ilan à voix basse. Il n'a pas l'air pressé de récupérer son bien. C'est quoi ce bruit ?

- Je ne sais pas, c'est bizarre. On dirait le bruit d'une canne.

 

Le bruit devient de plus en plus proche et, à la stupéfaction de Déborah et d' Ilan, ils voient venir vers eux un enfant marchant à petits pas avec pour guide une canne que toutes les personnes qui sont dans le même état que lui possèdent, une canne d'aveugle.

 

- Bonjour, je m'appelle Yonathan. Je m'excuse pour mon retard mais j'étais au téléphone avec un copain et nous parlions du devoir que notre professeur de Dinim nous a donné.

- Bonjour, Yonathan. Je m'appelle Déborah.

- Et la personne qui est à côté de vous, qui est-ce ? Elle n'a pas l'air dans son état normal.

 

Ilan est de plus en plus étonné. Ce garçon, même aveugle, étudie et de surcroît arrive à percevoir qu'il y a une autre personne dans la pièce et que cette même personne subit un choc sans pareil.

 

- Je m'appelle Ilan. Grâce à ton porte-monnaie, je me suis étalé sur le trottoir.

- Oh! Je suis désolé, Ilan, vraiment désolé.

- D'un autre côté, continue Ilan, cette mésaventure m'a permis d'échapper à ma Kayetana de rêve.

- Donc, si j'ai tout compris, reprend Yonathan, par ma faute tu as souffert et par ma faute tu as raté l'occasion de t'amuser.

- Pas tout à fait, dit Ilan. La première partie de ta phrase est juste. Quant à la seconde, je la dirais de cette manière : Grâce à toi, Yonathan, je n'ai pas eu à subir l'enfer de la Kayetana.

- Ah! Me voilà rassuré.

 

Et voilà les deux enfants partis d'un éclat de rire. Déborah n'en revient pas. Pour la première fois, elle voit son petit Ilan le visage illuminé par la joie.

 

 

Pour la suite contactez Dinah Simha

                           Chapitre 2

 

 

 

Une amitié venait de naître entre deux garçons de 9 ans que, pourtant, tout séparait. L'un était religieux, l'autre pas. Yonathan vivait au sein d'une famille nombreuse, Ilan était un enfant unique. Yonathan, malgré son handicap, était bien dans ses baskets et heureux de son sort ; Ilan, quant a lui, n'acceptait pas son image.

Mais le "hasard" les a reunis et il va leur demontrer que c'est avec l'acceptation des differences que se construisent les liens les plus solides.

Il va aussi leur faire comprendre que lorsque Hachem obtempéré aux demandes de Ses enfants, c'est parce qu'Il sait que ce moment est propice pour qu'ils en profitent pleinement. Tout est question de patience, tout est question de confiance.

 

Trois semaines plus tard.

-Allô ! Madame Feldman ? Bonsoir, ici Madame Endler, la maman de Yonathan.

-Bonsoir Madame, repond poliment mais froidement Madame Feldman.

-Je me permets de vous téléphoner pour vous demander si vous accepteriez de nous laisser Ilan pour Chabbat.

-Tout le Chabbat ?

-Effectivement, tout le Chabbat. Cela nous ferait très plaisir de le recevoir. Ilan est très attachant ; c'est un enfant charmant et qui, s'entend tellement bien avec mon fils Yonathan.

-Vous savez, Ilan n'est pas très habitue à quitter la maison et a dormir ailleurs que dans son lit. Mon fils aime avoir ses repères.

-A son age, on s'habitue facilement aux changements, vous ne trouvez pas ?

-Certainement, repond Madame Feldman. Ecoutez, je vais en parler a mon mari et je vous donnerai notre reponse au plus tard mardi soir.

-Cela me convient parfaitement. J'espère sincèrement que vous nos répondrez positivement, chère Madame.

-Nous verrons… Nous verrons… Je vous dis donc a mardi soir. Au revoir, Madame.

-Au revoir, Madame Feldman, au plaisir.

 

Myriam Endler raccroche et reste quelque peu perplexe. Elle  s'attendait vraiment a une réaction beaucoup plus enthousiaste de la part de la maman d'Ilan. Mais elle se ravise très vite. Chacun réagit a sa manière, pense-t-elle ; peut-être que dans la même situation, j'aurais réagi de la sorte.

 

Myriam Endler est si absorbée dans ses pensées qu'elle n'entend pas son fils Yonathan entrer dans le salon.

-Elle t'a dit oui, Maman ? Ilan vient ce Chabbat ? Aucune réponse. Silence pesant.

-Maman ? Maman ? dit Yonathan en haussant la voix.

- Euh ! Oui ? Que se passe-t-il encore ? Quelle betise avez-vous encore faite ?

-Aucune bêtise, je te rassure. Je voudrais tout simplement savoir ce que t'avait répondu Madame Feldman.

- Oh ! Elle va en parler avec son mari. Elle doit me donner une réponse au plus tard mardi soir.

-Il lui faut tant de temps ?

-Yonathan, c'est la première fois qu'on invite son fils, elle n'est pas habituée.

- Je suis sur qu'ils vont dire non.

- Mon chéri, je ne te reconnais pas en ce moment. Ou est donc passe ton optimisme ? Tu l'as range dans ton armoire ?

- Ilan n'est pas heureux chez lui.

- D’où tiens-tu cette accusation si grave ?

- De la bouche même d'Ilan. C'est lui qui me l'a dit.

- Quoi ? Tu peux répéter, s'il te plaît ?

- Ilan n'est pas heureux chez lui.

- Yonathan, viens, asseyons-nous un moment. Il faut que tu saches, mon chéri, qu'un enfant n'est jamais malheureux lorsqu'il a ses parents a cote de lui et surtout des parents qui l'aiment, comme c'est le cas pour Ilan.

- Ses parents ? Il ne les voit meme pas. Ils travaillent tout le temps.

- Ses parents font ce qu'ils peuvent. Ils pensent donner a leur enfant tout ce dont il a besoin. Il faut peut-etre prendre le probleme a l'envers.

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

- Je veux simplement te faire comprendre que le problème provient d'Ilan et non de ses parents. Il ne fait pas attention aux sacrifices accomplis par ses parents. Eux aussi sont sûrement tristes de ne pas passer plus de temps avec leur enfant. Mais la vie est ainsi et il faut l'accepter.

- Peut-être que tu as raison, dit Yonathan dubitatif. Je voudrais tellement qu'il vienne a la maison ce Chabbat et qu'il se sent comme s'il faisait partie de notre famille.

- Avec l'aide de Hachem, il viendra. N'oublie jamais, Yonathan, si Hachem a décide qu'Ilan soit chez nous Chabbat, aucun obstacle ne viendra s'opposer a Sa Décision. Et maintenant, mon Tsaddik, j'ai le dîner a préparer. Vêtu m'aider ou aller donner un sérieux coup de main a tes frères et sœurs quant au balagan qu'ils sont en train de mettre dans leur chambre.

- Je crois que je vais faire une Tefila a Hachem pour que  les parents d'Ilan nous repondent oui, et avant mardi !

- Comme tu voudras ! dit Myriam Endler en embrassant son fils. Très bien, Yonathan, tu comprends vite.

 

Au meme moment, chez les Feldman.

-Qui était-ce ? demande Abraham Feldman a sa femme.

-Madame Endler.

-Et que désire-t-elle cette fois ?

-Elle invite Ilan pour tout le Chabbat.

-Il n'en est pas question. Nous n'avons que le Chabbat pour profiter de lui. Je pense en toute honnetete que cette famille commence a s'incruster un peu trop dans la vie d'Ilan.

- C'est ce que je pense aussi, figure-toi. Mais d'un autre cote, c'est la première fois qu'Ilan s'entend si bien avec un gosse de son âge. Peut-être que nous devrions lui poser la question ?

- Iris, que les choses soient claires entre nous. Ce qui m'importe par-dessus tout, c'est le bonheur d'Ilan. Je ne veux pas paraître méchant vis-à-vis de cette famille, mais j'ai comme l'impression qu'elle se substitue a nous.

- Tu n'exageres pas un peu ?

- Non, c'est l'impression qu'elle me donne. Mais je ne veux pas te paraître égoïste, nous allons donc en parler avec Ilan.

- Ilan ! Ilan ! Est-ce que tu peux venir au salon ?

- Je viens, entend-on de loin.

 

Ilan entre au salon la mine fermée, comme a son habitude.

-Ilan, dit sa mère, nous venons de recevoir un coup de téléphone de Madame Endler.

-Ah oui ! dit Ilan dont le visage soudainement s'éclaire.

- Oui, répond Madame Feldman tout en remarquant cette métamorphose. Elle t'invite pour tout le Chabbat.

- Génial ! crie Ilan. Je vais pouvoir être avec Yonathan toute une journée.

- Plus que toute une journée, intervient le père, le Chabbat commence la veille au soir.

- J'avais oublie, dit Ilan. Ce qui veut dire que je vais aussi dormir chez eux ?

- Tout a fait, lui dit sa mère. Nous pensons, ton père et moi, que tu es encore trop jeune pour quitter la maison tout un Chabbat.

- Je suis grand a présent, j'ai déjà 9 ans et puis, c'est vite passe un Chabbat. Papa, Maman, c'est la première fois que je m'entends bien avec un garçon de mon âge. Je serais heureux de passer tout un Chabbat chez Yonathan.

- Et loin de nous, dit Abraham Feldman vexe devant l'attitude de son fils.

- Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire, Papa.

- Tu veux vraiment y aller ? Tu sais parfaitement que cette famille est, dans le domaine religieux, ce qu'on appelle orthodoxe. Cela ne te dérange pas ?

- Non, ils sont tous très gentils et très sympa et personne ne me fait de remarques. Alors que désirez-vous ? Vous étés d'accord ? Je peux  aller chez Yonathan ? demande Ilan anxieux.

Les parents se regardent comme pour essayer de trouver chez l'autre la réponse adéquate a donner a leur enfant unique et adore.

-Très bien ! Iris prend le parti de répondre la première. Peut-être que la compagnie de la famille Endler te fera comprendre combien cela nous est difficile de te laisser partir et puis il faut que tu commences a vivre tes propres expériences.

-Merci Maman, merci Papa, dit Ilan en sautant de joie et en les embrassant, vous ne le regretterez pas, je vous le promets.

-Nous l'espérons, Ilan, nous l'espérons.

 

C'est un Ilan transporte de bonheur qui quitte le salon, laissant derrière lui des parents qui pensent avoir pris la bonne décision.

-Tu veux que je te dise, Iris, reprend Abraham Feldman une fois qu'Ilan est sorti, j'ai l'impression que rien ne sera plus comme avant, après ce Chabbat.

- C'est bizarre, répond cette dernière, c'est exactement ce que je ressens.

 

De retour dans sa chambre, Ilan fait face de nouveau à son ennemi quotidien, la glace, et soudain, sans qu'il le veuille vraiment, la question s'impose.

Qu'est-ce que je vais pouvoir mettre ? J'ai grossi et plus rien ne me va !

Je vais aller en pyjama, comme me l'a dit Deborah !

C'est avec ces pensées hautement positives que notre héros se met au lit et s'endort…

בס"ד

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