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La pomme en or dans un filet d'argent

DESSIN LIVNA ROTNEMER

HISTOIRE CAROLE ROTNEMER

CHAPITRE  1

 

 

 

 

En ce début de soirée, Monsieur et Madame Sebag sont en train de se préparer pour se rendre au mariage de la fille d’un de leurs meilleurs amis.

Pour l’occasion, Maman a mis son beau tailleur bleu pâle, et Papa s’est laissé convaincre par son épouse de porter son nouveau complet gris:

   -  Tu veux que je mette aussi la cravate ? Questionne Papa un peu mal à        l’aise.

   -  Bien entendu ! Répond Maman, le crayon à maquillage à la main.

 

  Devant  le miroir, papa bougonne un peu : « Le costume, passe encore, mais la cravate ! »

  C’est le moment que choisit Téhila pour apparaître :

     -  Oh, tu es beau comme ça, Papa !

     - Merci, ma petite fille ! Dit Papa flatté. Puis, se tournant vers son enfant, il rajoute : Et toi, tu es prête à aller au lit ? Tu es en pyjama ?  Tu t’es déjà brossée les dents ?

     - …Tout, Papa, j’ai tout fait ! Je n’attends plus que Naomi, Samuel et Gaby pour me coucher ! 

     -  Bien, bien !  Répond-il satisfait. … Alors vous êtes bien sûrs de ne pas vouloir une baby-sitter pour ce soir ?

     -  Absolument, Papa, nous sommes assez grands ! Nous pouvons nous débrouiller tout seuls. … Parce que les baby-sitters sont toujours sur le dos des enfants. Elles ne les laissent jamais s’amuser !

     -  S’amuser ? S’écrie  Monsieur Sebag, alarmé. Mais il est absolument hors de question que vous vous amusiez ce soir ! … Hors de question … Tu m’entends ?

     -  …Euh … fait la fillette !

     -  Comment cela « euh » ! Se fâche soudain le maître de maison. … Puisque c’est ainsi, je téléphone immédiatement à Hanna !

    -  Oh, non, non Papa ! Supplie la petite.  Pas Hanna ! Surtout pas elle, c’est la pire de toutes ! S’il te plait, Papa ! S’il te plait !  Je t’assure que nous fermerons les yeux, dès que vous serez partis ! Enfin c'est-à-dire… Nous éteindrons la lumière !  … Papa, non …Je t’en prie !

 

 

 

 

 Son père méfiant se penche vers elle, et la fixe droit dans les yeux :

     -  Vous n’avez pas le projet de vous amuser, n’est-ce pas !

     -  Absolument pas, Papa, nous avons seulement l’intention de dormir ! C’est tout !

    -  Bien, alors Hanna ne vous embêtera pas ! Je l’appelle tout de suite !

    -  Mais Papa … !

Le chef de famille fermement déterminé se dirige vers le téléphone. Il compose le numéro de la jeune fille sous le visage déconfit de Téhila.

Mais les événements ne se déroulent pas du tout comme prévu ! La terrible Hanna n’étant pas libre ce soir, Papa et Maman sont obligés de laisser leur progéniture seule pour la soirée. 

Ils inscrivent donc en gros le numéro de leur portable sur le réfrigérateur de la cuisine et sur la porte de la chambre des garçons, puis branchent exceptionnellement le téléphone de la maison dans le couloir, afin de faciliter les appels.

Finalement, ce n’est qu’après mille recommandations qu’ils se décident à partir.

Dans la voiture, les parents sont convaincus que leurs enfants dorment déjà....

    -  Ils sont partis ? Chuchote Gaby à l’oreille de son frère.

    -  Je crois, mais attendons encore un peu, ils pourraient revenir.

    -  Ok !

Les minutes passent et rien ne se produit :

    -  Tu crois que les jumelles se sont déjà endormies ?

    -  Je ne sais pas ! Allons voir !

Les deux garçons se décident à se lever et à rejoindre leurs sœurs afin de rigoler un peu. C’est trop drôle la maison sans papa et maman. On peut tout faire, sans que personne ne dise quoi que ce soit :

     -   Vous êtes réveillées ? Soufflent les deux frères.

    -  Oui ! Crient les fillettes tout en jetant leurs coussins en l’air. Youpi, la maison est à nous !

 

 

    -  Alors qu’est-ce qu’on fait ? Questionne Gaby pressé de profiter au maximum de la soirée, on regarde un dessin animé, on joue à l’ordinateur, ou bien on mange la glace aux fraises et aux fruits de la passion ?

Sans attendre une décision générale, Naomi, la plus gourmande de tous, se précipite vers la cuisine. Elle ouvre le congélateur, et prend le sorbet avec précaution :

    -  Qui en veut ? Crie-t-elle à la cantonade.

    -  Nous ! Répondent les trois autres déjà devant l’ordinateur.

 

  A présent chacun déguste sa glace avec bonheur. Puis les enfants décident d’un commun accord de regarder un film. Ils choisissent bien entendu celui que maman a interdit, parce qu’il fait très peur ! A mesure que l’histoire se déroule, ils tremblent sur leurs sièges, et sans se l’avouer, regrettent leur choix.

 Tout à coup, alors que le méchant s’apprête à attaquer le gentil, une coupure d’électricité se produit dans tout le quartier, et en une fraction de seconde les enfants se retrouvent dans le noir total. Les jumelles se mettent à hurler, tandis que les garçons, plus courageux, tentent de trouver un moyen d’éclairer le salon :

    -  Maman, maman, pleurniche Téhila, je veux voir Maman !

    -  Oui, rajoute Naomi. On va appeler Papa et Maman pour qu’ils reviennent tout de suite !

Mais Samuel qui a enfin retrouvé la grosse bougie de la Havdala (prière que l’on fait à la sortie de shabbat), l’allume et rejoint ses sœurs afin de les tranquilliser :

    -  Tout va bien ! Dit-il d’une voix apaisante. On y voit plus clair !

Puis il rajoute :

    -  … Vous savez, je crois que ce n’est pas la peine d’appeler nos parents ! ...Parce qu’ils risquent d’être très fâchés de nous savoir encore debout, et non au lit comme prévu ! 

 

 

 

    -  Samuel a raison ! Renchérit Gaby, nous devons nous débrouiller sans leur aide ! Après tout, nous sommes assez grands !

Nos quatre amis prennent donc place sur les fauteuils du salon.

Les minutes s’écoulent, et l’électricité ne revient toujours pas. Puis le souvenir des affreuses images du film aidant, les fillettes ont bien du mal à se rassurer. Soudain Naomi se lève d’un bond, prend un livre de Tehilim (psaume) puis se rassoit à côté de sa sœur sur le canapé :

    -  On va prier ! Déclare-t-elle avec autorité. Ma maîtresse m’a dit que la prière de ceux qui ne sont pas encore Bar mitsva (majorité religieuse), n’est pas arrêtée par les anges. Elle monte donc tout droit vers le Trône de Hachème (Dieu) !

    -  Tu crois ? Répond Téhila, la voix tremblante.

    -  Tout à fait ! Assure sa jumelle avec fermeté.

A la faible lumière de la bougie, elles ouvrent le livre et entament leur lecture : « …Mon aide vient de Hachème (Dieu) qui fait le ciel et la terre… ». Après dix minutes d’ânonnements ininterrompus des fillettes, les deux garçons agacés commencent un peu à perdre patience :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   -  Oooh ! Ronchonne le premier, vous n’avez pas encore fini ... ? Vous nous « saoulez » avec vos prières !

   -  De tout façon, ajoute le deuxième avec mépris, elles ne servent à rien, puisque jamais personne ne répond !

   -  Comment ? S’écrie Naomi effarée par ce que vient d’affirmer son frère. Tu oses dire que Hachème ne répond jamais ? Tu sais que je vais le répéter à Papa !

   - Répète-le si tu veux ! Cela m’est complètement égal ! Et puis je sais que j’ai raison !

   -  Non, tu n’as pas raison ! Se révolte sa sœur.

   -  Tu veux parier ?

   -  Ouais !

   -  Alors, je commence : Hachème s’il te plait, fait que l’électricité revienne !

Ils attendent un instant :

   -  Ah, tu vois ! S’exclame Samuel. Il ne répond jamais !

 

 

 

   - Mais… Mais … Bégaye Naomi. Hachème n’est pas ton copain, Il est le Roi de tous les rois…On ne parle pas ainsi à un roi !

   - Peut-être ! N’empêche qu’Il ne répond pas !

   - Mais c’est pour cela que nous prions ! Nous l’appelons !

   -  Peuf … ! Se moque-t-il.  Ca ne sert à rien !

   -  Ce n’est pas vrai ! … Contredit Téhila. Parce que Hachème est notre Papa d’en haut, c’est Mamie qui me l’a appris !

   -   Et bien moi, quand j’appelle Papa, affirme Samuel très sûr de lui, il me répond toujours quelque chose !

   - Maman m’a expliqué, essaie de résoudre Naomi la voix un peu tremblante, que nos têtes et nos cœurs sont trop petits, et c’est pour cela qu’on ne l’entend pas !

   - Oui, peut-être … Admet le garçon.

A nouveau, le silence plane. Puis après un moment, le contestataire reprend :

   - Ce que je ne comprend pas ! Déclare-t-il encore, c’est que si Hachème peut tout, comment se fait-il qu’Il ne nous agrandisse pas la tête pour qu’on puisse L’entendre ! Vous ne pensez pas que c’est un peu bête de répondre alors que l’autre n’entend pas ! Moi par exemple, si je devais dire quelque chose à quelqu’un qui est sourd, je n’utiliserais pas ma bouche, mais plutôt mes mains !

   - Samuel, tu es un vrai « kofer » (mécréant) ! Déclare Naomi en colère.

   - Et pourquoi donc ? Se défend le garçon, je pose des questions, c’est tout ! D’ailleurs, Papa m’a expliqué que la Michna (Torah orale) enseigne que le timide n’apprend jamais parce qu’il ne n’ose pas poser des questions !

 

 

 

Les enfants perplexes ne parlent plus ! La peur monte ! Puis le vent souffle violemment, et les volets claquent sur les fenêtres. Téhila se met soudain à pleurer :

     -    J’ai très, très peur ! Et c’est de ta faute Samuel ! Avant que tu commences à parler, j’étais sûre que Hachème était là, et qu’Il m’écoutait. Maintenant je nous sens tout seuls ! 

Samuel est chagriné. Lui aussi regrette d’avoir soulevé ces problèmes. Et pourtant, il n’a fait que ce que son Papa lui répète sans cesse : « Réfléchir pour mieux comprendre ! » 

C’est alors que tout à coup, nos petits camarades entendent frapper à la porte-fenêtre de la salle à manger qui donne sur le jardin. Transis de peur, les enfants se regardent l’un l’autre.

      -   Pas de panique ! Leur chuchote Samuel.

Deux nouveaux coups se font à nouveau entendre :

     -  Je vais aller ouvrir ! Se décide Gaby avec bravoure.

Les deux garçons se lèvent, prennent chacun dans leurs mains un balai, et s’approchent en silence de la baie vitrée. Gaby fait un signe à son frère. Ils comptent jusqu’à trois, et d’un mouvement rapide ouvre la porte. Nos quatre amis et le visiteur « surprise » se tiennent à présent face à face.  Un cri de terreur général explose :

    -  Allons, allons ! Calmez-vous mes enfants ! Sermonne une voix rassurante. Ce n’est que moi, votre voisin d’en face !

    -  Rabbi Yossi !  Font les enfants à la fois stupéfaits et soulagés. C’est vous ?

    -  Et bien oui, c’est moi ! Réplique le vieil homme.  Je suis simplement venu vous demander si vous pourriez me prêter des allumettes ! Mais que vous arrive-t-il ?

 

 

 

 

    -  Euh… Nos parents sont sortis ! Répond Gaby tranquillisé par la présence d’un adulte. … Et les petites ont très peur ! ... Enfin nous aussi ! Rajoute-t-il avec honnêteté.

 Attendri par l’inquiétude les enfants, Rabbi Yossi décide gentiment de passer un petit moment avec eux, et accepte donc le confortable siège que ses hôtes lui proposent :

    -  Alors mes enfants ! Dit-il paternellement.  Parlez-moi un peu des causes de vos angoisses !

   -  Eh, bien, Samuel nous a dit que…, que… que Hachème ne répond jamais ! Bafouille Naomi très agitée …Et, et pour nous le prouver, il L’a appelé ! …Et, et comme il ne s’est rien passé… Moi je n’ai plus cru… Et, et…

La petite sœur éclate en sanglot :

     -   Pourquoi … ? Pourquoi ? Hachème ne nous fait-Il pas des oreilles plus grandes pour que l’on puisse l’entendre ! … Si Il est vraiment notre Papa, pourquoi nous laisse-t-Il tout seuls quand on L’appelle ?

Rabbi Yossi fronce les sourcils, réfléchit un instant, puis sourit :

   -  Sais-tu que c’est une grande question que tu poses, ma petite fille ?

    -  Ah oui ? Réplique Samuel à la place de la fillette.

  • -  Oui, et d’ailleurs, j’ai ici dans ma poche, quelque-chose qui pourrait vous aider à tous mieux comprendre.

Alors Rabbi Yossi sort de sa veste un très bel objet argenté un peu plus gros que sa main, et le pose sur la table du salon. De minuscules taches d'une lumière extraordinaire que les enfants n’ont encore jamais vue, éclairent tout à coup l’endroit le salon :

 _ Qu'est-ce que c'est ! s'écrit Gabi.   

 Oh, oh ! Répond le Rav. C’est un cadeau que j’ai reçu pendant la guerre, lors d’une nuit très venteuse comme celle-ci, durant laquelle je m’étais caché pour échapper aux nazis qui voulaient m’attraper. Ce soir-là, alors que j’étais tout seul, j’ai pleuré comme toi petite, et j’ai demandé au Maître du monde la raison de son silence ! Je n’avais pas fini de prier, qu’est apparu devant mes yeux, un bel aigle blanc portant autour du cou cette très curieuse pomme.

   Et d’une voix mélodieuse, il me questionna : 

 

   « Petit enfant d’Israël, pourquoi est-ce que tu pleures ? »

 

 

    Très étonné de cette apparition, j’expliquai au majestueux oiseau, que  j’étais en danger, car des gens très, très méchant voulaient m’attraper. Il me prit alors sur ses ailes et m’emporta jusqu’ici, dans notre ville sainte ! A notre arrivée, il me confia cette pomme extraordinaire, en me recommandant très vivement d’y  faire bien attention, car elle possédait des pouvoirs qui m’aideraient certainement dans l’avenir à mieux découvrir les secrets de la vie. Puis, avant de reprendre son envol, il me confia un secret :

 « Yossi ! Me dit-il, pose toutes les questions qui s’éveillent dans ton cœur et dans ta tête, mais surtout n’oublie jamais que Hachème t’aime par dessus tout !  Ainsi, tu trouveras toujours les vraies réponses ! ».

Et puis il s'envola !

    -   Vous ne l’avez jamais revu ?

    -  Jamais !

    -  Cette histoire est très jolie ! Affirme Samuel, mais elle ne nous explique pas pourquoi Le Maître du monde, qui est notre Papa, ne répond pas !

    - Patience ! Patience ! Murmure Rabbi Yossi en souriant.

Il se penche vers la pomme, et demande aux enfants de s’approcher le plus près possible, et de regarder à travers les trous du filet en argent :

    -  Qu’est-ce que vous voyez ? Interroge-t-il.

    - De … De l’or ! S'enthousiasme Téhila.

    - C’est exact !

    - … Une lumière très étrange ! Dit Gaby. Une lumière que je n’ai encore jamais vue !

    - En effet mon garçon ! La lumière qui émane de l’or de cette pomme est très spéciale ! De plus elle a réponse à tout !

    - Ah oui ? S’émerveille Naomi, et comment ça marche ?

 

 

 

 

    - On pose une question, et elle donne une explication en fonction de celui qui l’a interrogée ! Et si vous faites l’effort de l’observer avec toute votre attention, vous recevrez des réponses vraiment surprenantes ! Allez-y, ne soyez pas timides !

Les enfants n’osent dire un mot. Puis Samuel, plus audacieux que les autres se gratte la gorge :  

    -  Euh… Euh… Je … Enfin, j’aimerais comprendre pourquoi Hachème… Euh … Pourquoi nous n’entendons pas Le Maître du monde puisqu’il est notre Papa d’En haut ?

Le garçon n’a pas terminé sa phrase que la pomme se met à tourner sur elle-même tout en éclairant de mille feux les murs de salle à manger. Lorsqu’elle s’arrête, un faisceau lumineux se projette sur la fenêtre, laissant apparaître l’image un peu floue d’un oiseau jaune et d’un petit lion.

Effrayés, les enfants sursautent :

Effrayés, les enfants sursautent :

  - Ne craignez rien ! Dit le canari. Nous sommes des amis ! Nous venons d’être branchés à votre dimension pour vous aider à mieux comprendre !

Puis les deux animaux, les sourcils froncés, regardent à travers la vitre :

   - Eh bien ! S’écrient-ils d’une même voix. Mes pauvres enfants dans quelle triste époque vous vivez !

   -  Qu… Quoi ? Murmure Téhila, ébahie.

   - Une époque dans laquelle Hachème est tellement caché est d’une bien grande tristesse !

   - C'…C’est-à-dire ? Bégaye Naomi.

   - C'est-à-dire que le monde est sans lumière !

   - Euh… Tente d’expliquer Samuel. C’est sans doute à cause de la coupure d’électricité !

Le lionceau éclate de rire :

   - Même en plein jour, tu n’as pas idée de la noirceur qui t’entoure, garçon ! Et puis il n’y a pas de couleurs non plus !

 

 

 

 

   -  Pas de couleurs ? Répète Gaby. Le rouge, le vert et le bleu, l’arc-en ciel, ce ne sont pas des couleurs ?

   - Pas de lumière ? Rajoute Téhila. Et le soleil ? Et la lune ?

   -  D’ailleurs, s’écrie Naomi, si il y en avait davantage, nous aurions très mal aux yeux !

    - C’est bien le problème ! Répond le petit oiseau. A votre époque, la lumière éblouit, le feu détruit, et l’eau noie ! 

   -  Ce n’est pas toujours ainsi ? Ce ne sont pas les lois de la nature voulues par Hachème ?

   -  Bien sûr que non ! …S’exclame leur nouveau copain. Prenez le feu par exemple, Le Maître du monde l’a créé en réalité comme celui du buisson ardent de Moshé Rabénou (Moïse), qui brûle mais ne consume pas !

Nos amis se regardent perplexes :

   -  Vous ne me croyez pas ? Se désole Petit lion.

   -  Et bien … C'est-à-dire …Font les petits un peu déroutés.

   -  Ah, mes amis ! Mes pauvres amis ! Vous êtes complètement égarés !

   -  Oui ! Confirme l’oiseau jaune en se tournant vers la cage du canari de Téhila. Moi par exemple, lorsque j’aperçois la tête de mon ancêtre, cela me chagrine ! Il me rappelle ma copine Tsourine la pierre qui habite tout près de chez moi !

   -   Ta copine Tsourine ? Tu es copain avec une pierre, toi ? S’étonne Naomi.

   -   Eh bien, oui ! Parce que chez nous, le monde est différent ! Les hommes volent, les animaux et les plantes parlent, les pierres sont douces et souples, et en plus elles marchent !

   -  Elles marchent ? … Les pierres marchent ?

 

 

   

-  Oui, oui, …Pas du tout comme chez vous, continue le petit lion, où elles sont dures, froides, et immobiles !

    - Et puis les gens sont méchants dans votre dimension… Poursuit l’oiseau jaune. On a tout le temps peur ! … On n’est jamais content dans votre époque !

   -  Oh ! Il ne faut pas exagérer !  Ose Gaby.

   -  Je n’exagère pas du tout ! Rétorque le petit canari avec force. Les guerres par exemple ! Comment supportez-vous les guerres ?… C’est une épreuve vraiment difficile ! Je crois qu’à votre place je n’aurais pas eu la force ! Vous êtes très courageux, vous savez !

   -  Oui, et nous vous plaignions de tout notre coeur ! Conclut le petit lion, car lorsque Hachème n’est pas perceptible, je peux vous assurer que la vie n’est pas vraiment belle !

                  

  Les enfants se regardent très étonnés. Jamais ils n’auraient pensé vivre dans une telle catastrophe. Car pour eux, comme pour tous, le monde tel qu’ils le connaissent ne peut être autrement !

    -  On n’a pas peur dans votre siècle ? Murmure Naomi. Jamais, jamais, jamais ?

    -  Jamais ! Affirme le canari. 

   -  Tout le monde est gentil dans votre temps ? On ne se fait jamais du chagrin ? Jamais, jamais, jamais ?

   -  Jamais ! Répond le lionceau.

   -  Mais comment est-ce possible ?

   - Lorsque personne ne trahit la confiance de personne, tout est différent ! Le monde entier peut se détendre, les animaux, les plantes, les pierres également, et aussi les anges !  …  Hachème accepte d’habiter avec nous … Et les hommes peuvent dialoguer avec Lui ! Ils sont tous des prophètes !

 

 

 

   -  Ouah ! Souffle alors Samuel. Ouah…Comme j’aimerais vivre à cette époque !

   -  Bientôt les enfants, bientôt ! Car je sais que le temps de la séparation tire à sa fin ! Console le jeune felin. Ne vous découragez surtout pas !

   -  Comment le sais-tu ? Demande Gaby.

   -  Je l’ai lu sur le cadran de la montre qui se trouve à la porte du temps. Elle indique qu’il ne reste pas plus de quelques minutes avant le grand renversement ! Heure cosmique bien entendu !

   -  Quelques minutes ? Combien de temps dure une minute cosmique ? Questionne Téhila. Moi je voudrais que ce soit tout de suite ! Tout de suite ! Qu’est-ce que Hachème attend pour revenir ?

L’oiseau et le petit lion se grattent le gosier, un peu gênés :

   -  Euh… Et bien ! Le Maître du monde ne reviendra que lorsque la réparation de la création sera terminée ! Et pendant ce temps, Il vous « éduque » !

   -  Eduque ? Comment nous éduque-t-Il ?

   -  Il vous place devant des tas de chemins très bizarres, afin de vous aidez à réapprendre à faire confiance !

   -  Confiance ! S’écrie Samuel.

   -  Oui, confiance ! Confiance en Lui, confiance en vous, confiance les uns vis-à-vis des autres … Confiance ! En hébreu on appelle cela "Emoun " ! Ou Emouna ! Car seul celui qui a vraiment confiance est capable de sentir Hachème !

    -  Et si vous le comprenez vite, vous y parviendrez encore plus rapidement ! Assure le petit oiseau. Et alors, on pourra tous se prendre dans les bras, car dans notre espace, le temps n’existe plus !

Puis tout à coup, l’image que la pomme projetait sur la vitre s’efface !

Les enfants abasourdis regardent à présent Rabbi Yossi :

    -  Je vous avais bien dit que la pomme répond en fonction de celui qui l’interroge ! Affirme-t-il, amusé de les voir ainsi ahuris.

    -  C’était véridique ? Interroge Téhila toujours interloquée. Le lionceau ? L’oiseau jaune ? Les animaux parlent pour de vrai ?

    -  Avec l’aide de Hachème ! Assure le Rav en rangeant la pomme dans sa poche, un jour, ils reparleront pour de vrai ! … Il y a cependant encore un chemin à parcourir qui comprend beaucoup d’étapes !

    -  Etapes ?

    -  Oui ! …La venue de Eliahou hanavi (le prophète) par exemple, celle du Machiah (messie), puis la reconstruction du beth hamikdach (Temple)… etc. … etc.…

    -  Oh, Rabbi Yossi ! Supplie alors Naomi. Vous ne voudriez pas nous donner votre pomme ? Elle est tellement super !

    -  … Et pourquoi vous la donnerais-je ? Réplique le vieil homme en riant.

    -   Parce que vous, vous êtes un Rav et que donc, vous n’en avez pas besoin !

    -  Sache, ma petite fille, poursuit-il avec sérieux, que chacun de nous la possède à l’intérieur de lui-même ! Pour la découvrir, il suffit d’étudier la Torah avec la conviction que pour chaque question, il y a une réponse qu’il faut chercher de toutes ses forces, et cela, bien évidemment, sans jamais oublier que Hachème, le Maître de l’univers, est gentil pour l’éternité ! Alors, sans aucun doute possible, la pomme s’allumera dans votre tête et dans votre cœur ! Et puis, si c’est trop difficile, je vous invite à venir chez moi pour la consulter ! A présent mes enfants, je crois qu’il est grand temps d’aller vous coucher !

Puis il rajoute en leur faisant un clin d’œil :

   -   … Parce que vos parents vous ont fait confiance ! 

FIN

 

L’aigle est le surnom du Rambam, un grand sage de l’époque de l’âge d’or espagnol, et la pomme en or dans un filet en argent est mentionnée dans un de ses commentaires que l’on peut lire dans l’introduction de son livre « Le Guide des Egarés ».

 

 

CE CONTE ET CES DESSINS  APPARTIENNENT AUX EDITIONS "jpledition"

 

 

בס"ד

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