top of page
Léa et le petit chofar aphone
CHAPITRE 1
Conte de Carole Rotnemer
Il est vingt-deux heures. Papa et Maman discutent doucement dans leur chambre à coucher, tandis que David termine son travail pour le lendemain. Ben dort profondément dans son berceau, et Léa vient juste d’éteindre sa lampe de chevet. Elle est un peu énervée, car demain dans la soirée, Roch-Achana sera fêtée en famille : Pappy et Mammy, Réouven, Rivka et leurs enfants, Lévi, tout le monde sera là ; ce sera formidable. Léa adore les réunions de famille !
Mais soudain, un bruit sec se fait entendre ! Un bruit sec, puis des murmures, beaucoup de murmures… Et des pleurs, aussi rauques que des grognements d’ours. La petite fille tend l’oreille. Personne sauf elle ne semble percevoir cette étrange agitation. Papa et Maman n’ont pas cessé leur conversation, et David poursuit son travail.
Léa se lève doucement et se dirige vers la salle à manger. Le bruit provient de là, près de l’armoire où l’on range le verre de Kidouch, les Bessamime, la boite à Etrog, le chandelier de Hanouca, la toupie, le Chofar de Roch-Achana, les bougeoirs de Chabbat et même la crécelle de Pourim.
Il se passe de drôles de choses dans cette armoire, une véritable discussion ! Les objets parlent entre eux. Léa entrouvre délicatement la porte.
- Chuuut !!
Plus de bruit. Léa regarde, tout parait normal à présent.
- J’ai pourtant bien entendu quelque chose, c’est incroyable !! S’écrit-elle.
Elle referme l’armoire et fait mine de retourner se coucher. En réalité, elle reste, silencieuse, et attend.
Le murmure reprend, Léa distingue à présent clairement le dialogue des objets :
- Bou…bou…Comment vais-je faire, je n’ai plus de voix…
- Ne pleure pas petit Chofar, on va trouver un remède d’ici demain, lui dit la crécelle de Pourim, toujours joyeuse et pleine d’espoir.
- Crécelle a raison ! Ajoute le sage verre de Kidouch trônant sur sa soucoupe d’argent, on va trouver quelqu’un ou quelque chose pour te soigner !
- Qui donc ? Reprend le petit Chofar en reniflant, il me faudrait du sirop de Emouna ; qui pourrait me le procurer ?
A cet instant, Léa ouvre l’armoire et s’écrit :
- Moi, je veux bien le chercher pour toi petit Chofar, dis-moi ce que je dois faire !
Mais l’armoire est à nouveau muette. Pas un bruit, pas un geste.
- Je vous ai entendu, voyons… Ne soyez pas si timides!
Pas de réponse…
- Bon, et bien tant pis pour vous ; le petit Chofar restera aphone pour Roch-Achana, et pour Kipour également !
Puis boudeuse et surtout très déçue, elle repart se coucher.
Vous avez entendu ? demande la boite à Etrog complètement ahurie, elle comprend notre langage !
- Oui, se contente de répondre le Chofar.
- C’est tout l’effet que cela te fait ?
- Oh ! Ce n’est pas la première petite fille qui saisis nos paroles.
- Tu en as déjà connu ?
- Oui, il y a des années !
- Et bien, pourquoi ne lui as-tu pas demandé de t’aider ?
- Je ne sais pas, j’ai été si surpris, comme vous, mais si demain elle revient, je vous assure…
Et il se remet de nouveau à pleurer tant son chagrin est grand !
Léa se réveille de bonne heure ce matin. Dans ses oreilles les paroles des objets résonnent encore. Elle ne sait que penser :
- "Ai-je rêvé ? Un Chofar ne parle pas, une crécelle non plus. Un verre de Kidouch ! Pas davantage ! Bien sûr, c’était un rêve ! Bon, et bien à présent, je cours aider Maman. Je suis certaine qu’elle est déjà débordée! "
Le soir venu, tout est prêt pour Roch-Achana. Une grande animation règne dans la maison car toute la famille se prépare à partir pour la Synagogue. Léa est toute belle dans sa robe neuve et ses souliers vernis. Elle court rejoindre son Papa. Elle est très fière car demain, c’est lui qui sonnera du Chofar pour toute la Communauté. Mais sa joie est diminuée pourtant, car les larmes du petit Chofar reviennent à son esprit :
"- Cela n’était peut-être pas un rêve … Si les objets avaient réellement parlé ? Et si le Chofar ne sonnait pas demain ? S’il était aphone ? Ce serait terrible ! "
Inquiète, elle interroge son Papa :
- Dis, Papa, les Chofars aphones, « ça existe » ? - Aphone !!
Son Papa se met à rire, je ne crois pas ma chérie, à moins que quelqu’un l’ai fait tomber ?
L’office terminé, la famille rentre chez elle pour célébrer Roch-Achana. La table est magnifique, remplie de bonnes choses à manger en l’honneur de la fête. Il y a des dattes, des blettes, de la grenade, de la pomme et aussi du miel pour que la nouvelle année soit douce et bonne. Pendant le repas, Papy raconte à toute la famille une très belle histoire sur Roch-Achana. Les enfants sont silencieux, absorbés par le récit de leur grand-père. Après les chants et le Birkat Hamazone, chacun regagne sa chambre.Mais Léa dort mal cette nuit là. Elle se tourne et se retourne dans son lit. Lorsqu’elle trouve enfin le sommeil, la nuit est déjà bien avancée. Le matin, elle se lève fatiguée et les yeux cernés.
- Bonjour Léa ! Oh, mais il me semble que tu as mal dormi cette nuit! Dit Papa en apercevant ses yeux embrumés de sommeil.
- Oui tu as raison papa! Toute la nuit, j’ai pensé à notre Chofar !
- Notre Chofar ! Tiens donc, et pourquoi cela ?
- Pour rien, répond évasivement Léa, je t’en reparlerai ce soir… Si le Chofar ne sonne pas !...
A suivre...
Vous pouvez lire la suite dans le site Lamed.fr
בס"ד
bottom of page